Title | : | OEdipe n'est pas coupable |
Author | : | |
Rating | : | |
ISBN | : | - |
ISBN-10 | : | 9782707347107 |
Language | : | French |
Format Type | : | Paperback |
Number of Pages | : | 189 |
Publication | : | Published October 1, 2021 |
Mais cette accusation ne résiste pas à l’examen. En menant avec rigueur l’enquête sur les circonstances du meurtre et en révélant l’identité de l’assassin, ce livre montre que des pans entiers de notre culture reposent sur une erreur judiciaire.
OEdipe n'est pas coupable Reviews
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Cette nouvelle enquête de critique policière de l'inspecteur Bayard produit des résultats si stupéfiants — et que l'auteur interprète pourtant assez peu à l'exception de son dernier chapitre, laissant à d'autres le soin d'en tirer les conséquences anthropologiques — qu'elle peut s'apparenter à un travail de sape sous les fondations de la culture moderne.
Il y a trois cents ans déjà Voltaire remarquait une invraisemblance fondamentale dans la fameuse tragédie de Sophocle, "OEdipe-Roi". Exhumant cette remarque il y a plus d'une vingtaine d'années, au moment de découvrir sa vocation de redresseur de torts avec "Qui a tué Roger Ackroyd ?", Pierre Bayard avait déploré que le maître de Ferney n'allât pas plus loin et n'en tirât pas les conséquences : l'innocence d'OEdipe, la découverte du vrai coupable. Bien qu'il n'ait pas pu s'empêcher de rouvrir lui-même ce "cold case", et que son enquête au milieu de ces cruautés familiales et de ces haines recuites ait été couronnée de succès, Bayard est obligé aujourd'hui de convenir que l'auteur de "Candide" était un sage et qu'il est bon de laisser dormir certains secrets.
Vous l'aurez compris, "OEdipe n'est pas coupable" se présente absolument comme un roman policier, qui contient lui-même un essai littéraire remontant parfois jusqu'à la lettre du texte grec. Pierre Bayard s'est déjà projeté en narrateur dans des situations contrefactuelles ; il a fait raconter son enquête précédente, "La Vérité sur…" (whatever the French title of this Agatha Christie novel may be), par le coupable imaginé (d'après lui) par la romancière anglaise ; le voici, tel un Columbo littéraire ou un Philippe Jaenada antique, en enquête sur le terrain, en Grèce même : le début le présente face à la stèle commémorant le lieu supposé de l'assassinat de Laïos. Mais le trouble naît au fur et à mesure de la lecture car si l'enquête paraît impartiale et calme — et si la solution proposée par Bayard est diablement séduisante et semble tenir debout au point d'appeler au minimum une relecture de Sophocle pour vérification — le narrateur lui-même, atteint par l'hybris que les dieux grecs supportent moins que tout, sombre de plus en plus évidemment dans un délire paranoïaque et hallucinatoire, caractérisé par une croyance aux dieux de l'Olympe, et la sensation que la totalité de la société grecque, voire la Terre elle-même, lui sont hostiles. Et dans les toutes dernières lignes, Bayard reprend un motif mythologique emprunté, dans sa forme la plus connue en tout cas, à une tout autre culture, ce qui ne peut que nous éberluer, voire constituer un indice sur ses prochaines investigations.
Cette doublure fictive de l'essai littéraire est ce qui donne son plus grand charme à "OEdipe n'est pas coupable" ; Pierre Bayard revient ici par ailleurs sur un dossier qui, certes froid et même glacial, n'en a pas moins appelé de nombreux commentaires : c'est même cela qui donne son importance à son enquête. Il maîtrise absolument ses références : Paul Veyne, Jean-Pierre Vernant, René Girard et le Herr Doktor Sigmund, dont il évalue soigneusement les apports à la connaissance et à l'interprétation des faits. Je les possédais aussi en bonne partie, donc je suis moins éberlué que par certains autres de ses coups de sonde. Il n'en reste pas moins que le mérite d'avoir débrouillé cette sale (oh, vraiment si sale) affaire lui revient en propre. -
Avant la sortie de ce livre, j'avais décidé de faire ma propre enquête pour tenter de trouver le coupable. Hé bien je suis une piètre enqueteuse.
Mais cette explication tient plus que la route et même si au début j'en étais réticente, j'ai fini par apprécié toutes ces "pertes de temps" qui n'en était au final pas.
Un grand bravo à Pierre Bayard ! -
2,75
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Sans doute le meilleur "roman policier" (comme le catégorise l'auteur) que j'aie jamais lu.