Anthologie de la nouvelle poèsie nègre et malgache de langue française by Léopold Sédar Senghor


Anthologie de la nouvelle poèsie nègre et malgache de langue française
Title : Anthologie de la nouvelle poèsie nègre et malgache de langue française
Author :
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ISBN : 2130549993
ISBN-10 : 9782130549994
Language : French
Format Type : Paperback
Number of Pages : 227
Publication : First published January 1, 1948

Avec Orphée Noir de Jean-Paul Sartre.

Cette anthologie fut publiée pour la première fois en 1948 à l'occasion du centenaire de la Révolution de 1848 et de la publication des décrets abolissant définitivement l'esclavage et instituant l'instruction gratuite et obligatoire dans les colonies. « C'est ainsi que les hommes de couleur, singulièrement les Nègres, ont pu accéder non seulement à la liberté du citoyen, mais encore et surtout à cette vie personnelle que seule donne la culture. » (L. S. Senghor)
« Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vus. » Dans un texte préliminaire, Orphée noir, lu et discuté avec passion, notamment aux États-Unis, Jean-Paul Sartre témoigne avec lyrisme de « l'éminente dignité de la négritude » et analyse l'importance littéraire mais aussi politique de cette Anthologie, dont les œuvres apportent « leur contribution à l'humanisme français d'aujourd'hui, qui se fait véritablement universel parce que fécondé par les sucs de toutes les races de la terre. » (L. S. Senghor)


Anthologie de la nouvelle poèsie nègre et malgache de langue française Reviews


  • Víctor Bermúdez

    Nuit de Sine.

    Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains
    douces plus que fourrure.
    Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise
    nocturne
    À peine. Pas même la chanson de nourrice.
    Qu'il nous berce, le silence rythmé.

    Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écou-
    tons
    Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des villages
    perdus.

    Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
    Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les conteurs
    eux-mêmes
    Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère
    Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que s’alourdit
    la langue des chœurs alternés.

    C'est l'heure des étoiles et de la nuit qui songe et
    s'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne
    de lait.

    Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles?
    Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs acres et douces.

    Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent autour
    les ancêtres comme les parents, les enfants au lit.
    Ecoutons la voix des Anciens d'Elissa. Comme nous exilés
    Ils n'ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur
    torrent séminal.
    Que j'écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d’âmes
    propices
    Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et
    fumant
    Que je respire l'odeur de nos Morts, que je recueille et redise
    leur voix vivante, que j'apprenne à
    Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les
    hautes profondeurs du sommeil.

    Léopold Sédar Senghor (Chants d’ombre)

    (149-150)

  • Pierre Joris

    Found a first edition of this marvelous book for less than $20 a couple years ago in a secondhand bookshop in a small town of the Pyrenees. It made my summer!

  • David Burns

    A Pablo Picasso

    Elle dort et repose sur la candeur du sable.
    Koumba Tam dort. Une palme verte voile la fièvre des cheveux, cuivre le front courbe.
    Les paupières closes, coupe double et sources scellées.
    Ce fin croissant, cette lèvre plus noire et lourde à peine – ou’ le sourire de la femme complice?
    Les patènes des joues, le dessin du menton chantent l’accord muet.
    Visage de masque fermé à l’éphémère, sans yeux sans matière.
    Tête de bronze parfaite et sa patine de temps.
    Que ne souillent fards ni rougeur ni rides, ni traces de larmes ni de baisers
    O visage tel que Dieu t’a créé avant la mémoire même des âges.
    Visage de l’aube du monde, ne t’ouvre pas comme un col tendre pour émouvoir ma chair.
    Je t’adore, ô Beauté, de mon œil monocorde!


    Anthologie de la nouvelle poèsie nègre et malgache de langue française ** Ce livre a été lu au Sénégal, en Arabie Saoudite et à Bahreïn (janvier et février 2022)

  • Aomar Abdellaoui

    Chef d'oeuvre. Et la préface de Sartre est le plus beau texte que j'ai lu depuis des années !