Vie des fantômes: Le fantastique au cinéma by Jean-Louis Leutrat

Depuis ses commencements, le cinéma a partie liée avec le fantastique. Simplement, la notion de fantastique n’offre pas un front aussi uni qu’il peut sembler et le dispositif cinématographique met en jeu le Réel et ses duplications. Circonscrire l’alliance des deux est par conséquent une entreprise passionnante et hasardeuse.

Le septième art n’est jamais autant lui-même que lorsqu’il frôle ce terrain vague, cette étroite lisière peuplée de créatures portant en elles la contradiction, morts-vivants, cat women ou docteurs en voie de transformation. Les œuvres dans lesquelles se manifeste le fantastique du cinéma sont prises ici dans un mouvement spiralé. Un chien andalou et L’Année dernière à Marienbad sont les deux pôles entre lesquels doit passer un courant susceptible d’animer les films produits par Val Lewton, et signés par Jacques Tourneur, Robert Wise ou Mark Robson, ceux de Mario Bava, Les Innocents de Jack Clayton, de vieilles connaissances comme Nosferatu et Vampyr, des hôtes discrets comme La Visiteuse, L’Esprit de la ruche ou Souvenirs de la maison jaune.